Darlene
 

Depuis trois ans, ma chienne, Pokey, et moi avons œuvré côte à côte comme bénévoles au programme de zoothérapie de l’hôpital pour enfants de Denver. Je qualifie souvent Pokey de «terreur» au lieu de terrier car à cette époque, dans sa jeunesse, elle ne cessait jamais de bouger. Ce n’est que durant ces visites à l’hôpital que son comportement changeait. C’est comme si une force intérieure la faisait bien se conduire. Chaque fois que Pokey et moi visitions les malades, nous étions témoins de petits miracles. Pourtant, un jour, il s’est produit un incident qui m’a amenée à comprendre à quel point Pokey pouvait donner.

Ce jour-là, le bureau des bénévoles m’a demandé de voir un patient au quatrième étage, l’étage d’oncologie. Pendant notre tournée, nous avons donc fait un arrêt à la chambre de Darlene.

Darlene était une jeune fille de seize ans, cheveux blonds aux épaules et le sourire facile. Je lui ai demandé : « Aimerais-tu recevoir la visite de Pokey? » Elle a accepté. J’ai tout de suite vu qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Ma petite boule de feu a sauté sur le lit et s’est immédiatement blottie dans son aisselle. Pokey a mis sa tête sur l’épaule de la jeune fille et tourné sa face vers celle de Darlene.

En regardant les grands yeux bruns, Darlene murmurait quelque chose à Pokey. Cela ne ressemblait certes pas aux rencontres habituelles avec les patients où les jeux canins dominaient. Il était clair que ces deux-là étaient engagés dans quelque chose de sérieux. J’ai donc regardé la télévision. Au bout de trente minutes, Darlene a dit : « Merci beaucoup pour la visite. Je sais que vous avez d’autres patients à voir, je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Vous ne pouvez pas savoir ce que cette visite représente pour moi.» Et elle nous a fait un sourire radieux.

Trois semaines plus tard, j’ai reçu un appel d’Ann, la coordonatrice du bureau des bénévoles à qui j’avais raconté cette histoire.

Elle a dit : « Je voulais simplement vous informer que Darlene, l’amie de Pokey, est maintenant au ciel.»

Darlene, la belle et brave fille de seize ans, avait reçu de bien mauvaises nouvelles le jour où nous l’avions visitée. Son cancer en était à sa troisième rechute. Le protocole de traitement ne prévoyait plus rien. Elle allait mourir, bientôt.

Darlene devait avoir peur, pourtant, elle ne faisait ni confiance à sa famille, ni à ses amis, ni aux médecins, ni aux infirmières pour parler de ses peurs. Elle ne pouvait parler à aucun être humain, mais elle savait qu’elle pouvait partager son secret avec ce petit chien! Elle savait que Pokey n’en parlerait à personne… ne ridiculiserait pas ses rêves qui ne se réaliseraient jamais.

Nous ne saurons jamais ce que Darlene a dit ce jour-là, ni ce que Pokey a accompli en trente minutes d’un silence plein d’amour. Darlene savait ce que tous les amis des chiens savent de tout temps : aucun ami ne mérite plus notre confiance, n’est plus loyal et aimant qu’un chien.

 

Sara (Robinson) Mark, D.M.V.

 

 

 

 

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