Papa, le cancer et le mariage

 

Une série d’événements inattendus ont sauvé la vie de mon père. Environ six semaines avant mon mariage, ma mère et moi étions au centre d’une discussion animée à propos de la couleur de ma robe de mariée. Maman voulait qu’elle soit blanche, tandis que moi je voulais qu’elle soit beige.
 
Nous étions à nos places habituelles – dans la cuisine. Maman était assise à table; j’étais assise sur le plancher, les jambes croisées, adossée au réfrigérateur.
 
Alors que nous parlions, mon père entra dans la cuisine. Il venait de prendre sa douche, et portait un peignoir. D’où j’étais assise, je pus remarquer qu’il avait une tache noir, d’environ la taille d’un dix cents, à l’arrière du mollet gauche, juste en dessous du genou.
 
Je lui demandai depuis quand il avait cette tache foncée et proéminente. Il répondit qu’il ignorait depuis quand. Maman me dit qu’il l’appelait son grain de beauté.
 
Je dis à papa qu’il devait faire examiner cette tache. Je lui parlai de Mel, qui présentait les nouvelles du soir avec moi, quand j’habitais dans le Michigan. Sa femme avait remarqué une tache noire à l’arrière de son épaule. En fait, il s’agissait d’un mélanome: le cancer de la peau. Mais on l’avait découvert à temps. Autrement le cancer se serais répandu très rapidement, car la tache était située très près de ses ganglions lymphatiques.
 
Papa nous promit qu’il allait faire examiner la tache, puis maman et moi reprîmes notre discussion sur les robes de mariée.
 
Après ma visite chez papa et maman, je repartis pour Boston où je travaillais comme journaliste sur la consommation pour WNAC-TV. Un jour, papa m’appela pour me dire qu’il s’était fait examiner par un spécialiste; il était certain que tout allait bien. En fait, il avait prévu faire un voyage d’affaires à Boston dans environ deux semaines.
 
Quand mes parents rappelèrent, c’était pour me dire que papa ne viendrait pas à Boston. Cette affreuse tache était bel et bien un mélanome. Les médecins nous expliquèrent qu’il y avait cinq stades de mélanome. Le mélanome de papa en était au niveau trois. Il allait devoir subir une intervention pour essayer de combattre cette maladie.
 
Je retournai chez mes parents pour l’opération de papa. Les médecins firent tout en leur possible pour enlever le cancer. Les minutes nous semblèrent des heures, les heures des jours et les jours des semaines, alors que nous attendions les résultats pour savoir si, oui ou non, ils avaient pu enlever toute trace de cancer .
 
Nous savions qu’un mélanome de niveau trois pouvait se répandre comme un feu de forêt. Ce n’était pas un bon signe. Nous comptions les jours en attendant les résultats. Ils arrivèrent enfin, après cinq jours. Le cancer avait été diagnostiqué à temps!
 
Papa eut de la difficulté à marcher après son opération, qui eut lieu trois semaines avant mon mariage. Il disait que maintenant son but principal dans la vie était de pouvoir conduire sa petite fille à l’autel. Sa jambe ne pouvait tout simplement supporter le poids de son corps. Au mariage, papa nous attendit, maman et moi, à mi-chemin de l’autel dans son fauteuil roulant.
 
Maman et moi soutenions papa alors qu’il avançait à pas hésitants. Arrivés devant l’autel, un ami attendait papa avec son fauteuil roulant. Papa avait atteint son but – il m’avait conduite jusqu’à l’autel.
 
Depuis 1981, papa n’a eu aucune trace de cancer. Il se fait examiner une fois par année. Il est encore plein d’énergie et en bonne santé.
 
J’ai toujours été fermement convaincue que maman et moi devions avoir cette conversation animée mentionnée plus tôt. C’est ce qui me permit de remarquer le mélanome de papa et permit aux médecins d’arrêter le cancer à temps. Tout ceci est arrivé parce que je voulais absolument me marier dans une robe beige, qui, d’ailleurs, paraissait blanche sur toutes les photos.
 
 
Lind Blackman
 

 

 

 

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